La révolution culturelle des liseuses numériques

Depuis maintenant plusieurs dizaines d’années, certains conservateurs déplorent la baisse constante de la pratique de la lecture dans nos sociétés. Pourtant, lorsque l’on y réfléchit davantage, on en vient à se demander si, au contraire, nous ne serions pas dans une époque à laquelle lire est une activité – étonnamment – omniprésente. Tandis que le marché des livres et magasines en papier connaît une évidente crise, nos réflexions nous poussent à croire que nous n’avons jamais autant lu qu’aujourd’hui.

Incontestablement diminué, notre budget accordé à l’achat de supports papier se compense avec un gain d’intérêt absolument spectaculaire pour tous types de produits numériques, des classiques télévisions et ordinateurs aux derniers modèles de smartphones et tablettes tactiles. Finalement, nous sommes quotidiennement confrontés à la lecture, notamment grâce à ces nombreux petits bijoux de la technologie, nous poussant en permanence à observer des images, écouter des sons mais aussi lire et écrire des messages… En réalité, nous lisons aujourd’hui autant – sinon plus – qu’hier, simplement de manière différente.

Initialement appelée « e-reader », la liseuse est née autour de 1992, entre les murs de l’Université Polytechnique de Milan. 5 ans plus tard, l’invention est d’ores et déjà mobilisée par deux français, Michael Dahan et Laurent Picard, qui commercialisent un premier modèle, le « Cybook ». Cette ébauche ne connaîtra pas de franc succès puisque ce n’est que dans les années 2000 – et surtout avec l’apparition du Kindle d’Amazon en 2007 – que le marché se satisfera d’un essor sans précédent dans l’histoire.

Dans un premier temps, la majorité des consommateurs s’est montrée plutôt dubitative face à ce tout nouveau produit. Cependant, au gré des améliorations et efforts des concepteurs, celui-ci a su trouver son public et, finalement, a réussi à devenir l’un des bijoux technologiques les plus convoités au monde.

Toujours fins et élégants, les modèles sont de tailles variables (de 7 à 11 pouces en moyenne), pour s’adapter aux différents besoins de chaque usager. Quelques centimètres d’épaisseur et quelques centaines de grammes sur la balance suffisent pour emporter avec soi des centaines de livres et journaux, directement consultables via une interface tactile simple et intuitive. La révolution semble en marche, prête à conquérir les plus conservateurs et les plus attachés au légendaire format papier.

Aujourd’hui, même les plus sceptiques succombent aux joies du numérique. Si certains restent inséparables de leurs livres et magasines favoris, ils n’hésitent plus avant de compléter leur collection de modèles numérisés, en vue d’avoir en permanence la possibilité de s’octroyer une courte pause lecture.

Parallèlement, au rythme effréné des différentes innovations technologiques, la classique liseuse s’améliore et devient un véritable outil multimédia : équipée de la 3G ou connectée à internet en Wi-Fi, elle permet de télécharger des applications, de naviguer sur la toile, de regarder des vidéos ou encore de communiquer avec ses amis par mail ou sur les réseaux sociaux. Encore une fois, nos yeux sont amenés, sans même que l’on ne s’en rende compte, à décoder une multitude de mots en très peu de temps, faisant de la lecture une pratique absolument banale, exercée de façon continue.

De nos jours, la révolution numérique semble bel et bien s’emparer du secteur culturel, ce qui n’est pas sans nuire au marché de l’édition ou, d’une autre manière, à celui de la presse écrite. Néanmoins, si la concurrence proposée par ces appareils est de taille, les livres et magasines pourraient encore avoir de beaux jours devant eux, en particulier grâce à un large public de nostalgiques, définitivement hostile à l’idée d’abandonner ses journaux et autres romans brochés.