Enjeu économique majeur de la décennie, la voiture connectée cache bien des possibilités : autonomie du véhicule, données immédiates sur la consommation, sécurité améliorée… La révolution n’est pas pour demain, elle est déjà engagée, comme le prouvent les stratégies mises en place par les constructeurs automobiles.

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Une révolution en cours

Le monde de l’automobile subit une véritable révolution numérique. À l’instar des objets connectés, qui occupent une place de plus en plus importante dans notre quotidien, l’avenir des véhicules semble bien lié à la connectivité internet.

Le rêve de la voiture autonome découle directement du bouleversement de la voiture connectée. Mais si le véhicule qui roulera tout seul n’est pas encore pour demain (le jour où la Google Car pourra traverser la Place de l’Étoile à Paris aux heures de pointe, on en rediscutera), la connectivité, elle, est déjà là.

L’automobile devrait changer plus profondément dans les 10 prochaines années qu’elle ne l’a fait durant les 90 dernières. Impossible de dire à quoi ressemblera la voiture de demain, sinon qu’elle aura encore quatre roues. Et même cela, ce n’est pas une certitude absolue.

Le consommateur face à la voiture connectée

Selon une enquête, 13% des consommateurs n’envisageraient plus l’achat d’un véhicule neuf qui ne soit pas connecté à internet. Et plus d’un quart d’entre eux estime que les voitures doivent, au minimum, proposer une connectivité liée aux données de consommation de carburant.

Consommateurs, nous avons bien conscience que la voiture connectée aura un coût. Non seulement elle vaudra plus cher, parce qu’elle sera électrique et qu’elle embarquera tout un tas de technologies de pointe, mais une grande partie de sa valeur sera définie par les logiciels et les services associés.

Pouvoir programmer son parcours à l’avance de façon plus précise, demander à sa voiture de jauger la qualité de sa conduite ou démarrer son véhicule à l’aide de sa voix ou d’une identification faciale, rien de tout cela ne sera gratuit. Sans parler de consulter ses mails ou Facebook à n’importe quel moment.

Reste, pour les constructeurs automobiles autant que pour les opérateurs internet, à définir le bon modèle de monétisation de ces services de connectivité.

Les prémisses de la guerre économique

Selon une étude de l’Idate, 420 millions de véhicules seront connectés d’ici à 2018. En conséquence, les différents acteurs du marché n’ont pas l’intention de rater leur départ. Les constructeurs automobiles et les équipementiers ont fort à faire avec les opérateurs mobiles, les SSII, les éditeurs d’applications et les géants du web.

C’est pourquoi les constructeurs auto ne veulent pas laisser aux géants de l’internet la mainmise sur les technologies-clés, comme les plans en temps réel. A l’instar du consortium BMW, Daimler et Audi qui a annoncé avoir racheté le service de cartographie de Nokia, « Here ».

Même entre eux, les grands noms du secteur informatique s’affrontent : Apple (CarPlay), Microsoft (Windows in the Car) et Google (Android Auto) ont déjà dévoilé leurs systèmes d’exploitation pour voitures.

Et selon certaines prévisions, Apple et Google à eux seuls devraient se partager les 200 millions de véhicules connectés d’ici à 2020.

La bataille de la voiture connectée a donc déjà démarré. L’automobile et internet, deux mondes radicalement différents, entrent en collision comme deux galaxies lointaines que la gravitation aurait fait se rapprocher.

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Les possibilités de la voiture connectée

Les présentations des constructeurs automobiles et des acteurs de l’internet donnent déjà à voir quelles seront les fonctionnalités embarquées par la voiture connectée. En voici un florilège :

  • Amélioration du confort de l’automobiliste (l’ordinateur de bord pourra enregistrer la position de votre siège et des rétroviseurs pour les remettre exactement à leur place en cas de changement ultérieur)
  • Aides pointues à la conduite, via des caméras placées un peu partout (avec des fonctionnalités qui iront bien plus loin que l’assistance au créneau ; on peut imaginer un ordinateur qui vous donne des conseils avant de vous engager dans une intersection particulièrement dangereuse)
  • La réalité augmentée sur votre pare-brise : plus besoin de regarder le tableau de bord pour y vérifier sa vitesse ou sa jauge de carburant.
  • Systèmes multimédias embarqués avec accès aux services de référence : réseaux sociaux, musique, films, informations, etc.
  • Connectivité parfaite avec son smartphone ou sa tablette
  • Caméra placée sur le volant capable de détecter des signes de fatigue chez le conducteur (une technologie déjà présentée par Qualcomm)
  • Géolocalisation perfectionnée
  • Assistance à l’économie d’énergie (l’ordinateur vous transmet en temps réel des données sur la qualité de votre conduite et ses effets sur votre consommation)
  • Et pourquoi pas : réparations automatiques, auto-gonflage des roues, commande de la voiture à distance comme dans la série K-2000 (pour la faire sortir du parking par exemple), etc.

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Et les risques, dans tout ça ?

Les consommateurs restent néanmoins préoccupés par la confidentialités des données. Le Big Data, en effet, représentera une part importante de la technologie embarquée dans la voiture connectée. Mais qui va traiter ces données, de quelle manière, et dans quel but ?

N’y a-t-il pas un risque qu’après un long trajet en voiture, vous receviez par internet des offres pour des vitamines (vous étiez fatigué), des conseils pour une conduite moins énergivore (vous avez abusé du levier de vitesse), voire même des promotions pour un magasin de vêtements (il faisait chaud alors vous avez opté pour le vieux t-shirt moche) ?

De plus, la récente affaire de piratage d’une Jeep Cherokee, dont le contrôle a été pris à distance par des hackers, montre bien les dangers liés à une connectivité accrue du véhicule. La conférence Black Hat 2015 qui s’est tenue à Las Vegas en a fait un thème central de ses présentations.

Au-delà de la voiture, tous les objets connectés sont concernés par ces risques, de la télévision au grille-pain. Mais au moins, vous ne risquez pas d’être projeté dans un mur par un pirate malveillant en conduisant votre grille-pain.